Le mercredi 24 septembre 2025, Toulouse accueillait La Mêlée Numérique – Food & Wine Tech, un événement phare pour explorer l’impact du numérique dans l’agroalimentaire. Parmi les temps forts, la table ronde « Quand la tech booste la vente et renforce la relation client » a réuni des experts du secteur, chacun apportant un point de vue unique sur la manière dont la technologie redéfinit la relation entre producteurs, distributeurs et consommateurs.
Animée par Charles Riveau, fondateur de Wineriz, la discussion a réuni Julien Lassaulzais (Orisha Agrifood), Bertrand Marouzé (SRA), Adrien Tréchot (Dans ma Bouteille) et Renaud Venet (Beewine). Ensemble, ils ont exploré les opportunités et défis liés à la digitalisation, à l’intelligence artificielle et à l’exploitation des données dans le monde du vin et de l’alimentation.
Quand la tech rencontre la relation client
Julien Lassaulzais a ouvert la discussion en soulignant combien les outils numériques permettent aujourd’hui de centraliser et d’exploiter des volumes de données toujours plus importants. CRM, ERP, e-commerce… ces solutions offrent aux producteurs et distributeurs la possibilité de répondre instantanément aux besoins des consommateurs. Mais au-delà de la simple efficacité opérationnelle, la technologie transforme aussi la manière dont les clients interagissent avec le produit : plus d’informations accessibles, une expérience d’achat plus fluide, des recommandations contextualisées.
Pour illustrer son propos, Adrien a donné l’exemple des données nutritionnelles dans le vin : « Aujourd’hui, via un QR code, le consommateur peut savoir exactement ce qu’il consomme, et ça crée une transparence qui était impensable il y a dix ans. » Cette démarche ne se limite pas à un simple affichage : elle permet de créer de la valeur pour tous les acteurs de la chaîne.
Bertrand Marouzé a rappelé que structurer et exploiter ses données reste un défi pour beaucoup d’entreprises : « Beaucoup de producteurs ont des CRM ou des ERP, mais ils ne savent pas toujours les utiliser pleinement. La vraie valeur, c’est dans ce qu’ils font des informations qu’ils collectent. »
Transparence, accessibilité et innovation : quelles données pour demain ?
Adrien Tréchot a développé l’idée selon laquelle la digitalisation permet de dépasser les limites du packaging : « Sur l’emballage, on ne peut pas tout mettre. En ligne, on peut raconter l’origine du blé, le taux de sucre, les certifications bio… Le consommateur peut tout savoir, si on le lui montre. »
Renaud Venet a ajouté que l’intelligence artificielle peut jouer un rôle essentiel : « L’IA ne remplace pas le caviste, mais elle peut l’aider à recommander les bons produits, tout en mettant en lumière de petits producteurs invisibles sur les grandes plateformes. »
Cette réflexion ouvre une question essentielle : quelles informations demain le consommateur aura-t-il besoin de connaître pour acheter en toute confiance ? Score environnemental, conditions de production, méthode de vinification… le champ est vaste.
Storytelling et authenticité : le producteur au cœur du discours
Au-delà des données et de la technologie, la table ronde a mis en lumière l’importance du storytelling authentique. Renaud Venet insiste : « Raconter une histoire ne signifie pas se perdre dans l’héritage du château depuis 200 ans. Il s’agit de partager le parcours réel du producteur, ses méthodes, ses valeurs et ses choix durables. »
Adrien Tréchot ajoute : « Les jeunes consommateurs ne veulent plus seulement une belle étiquette ou un château historique. Ils veulent comprendre d’où vient leur produit, comment il est fait, et si ses valeurs sont respectées. »
Cette approche amène une question intéressante : comment concilier storytelling, digitalisation et objectivité des données ? Pour les intervenants, la clé réside dans la cohérence et la véracité : « Le storytelling pour être pertinent doit être vrai. Il ne doit pas être fabriqué pour plaire, mais refléter la réalité du produit et du producteur. »
Freins, limites et recommandations
Les obstacles restent nombreux. Certains producteurs hésitent à investir dans le numérique par manque de formation ou d’information sur les financements disponibles. Les outils sont nombreux et parfois complexes à interconnecter. Pourtant, les intervenants s’accordent :
« La valeur réelle n’est pas dans l’outil lui-même mais dans la manière dont on exploite les données. »
Julien Lassaulzais, Orisha Agrifood
Cette phrase résume parfaitement le fil conducteur de la table ronde : les outils numériques ne suffisent pas ; c’est la capacité à exploiter les données pour créer de la valeur qui transforme réellement la relation client. Bertrand Marouzé insiste : « Connaître son marché et son produit, et transformer cette connaissance en valeur ajoutée, c’est ce qui permet de se différencier. » Adrien Tréchot complète : « La transparence et l’accessibilité de l’information créent de la valeur pour tous », tandis que Renaud Venet conclut : « La data et l’IA sont des outils au service de la cohérence et de la personnalisation, sans jamais perdre de vue la qualité du produit et la réalité du terroir. »
Vers une consommation plus responsable et éclairée
Les questions du public ont ouvert de nouvelles pistes de réflexion. Les guides traditionnels perdent de leur influence face aux influenceurs, surtout sur le marché français, mais restent puissants à l’international. Quant aux données, leur circulation via des bases ouvertes comme Open Food Facts ou des QR codes permet déjà à l’IA et aux moteurs de recherche de les exploiter pour offrir au consommateur des informations fiables et personnalisées.
Comme le résume Adrien : « Demain, on pourra savoir tout ce qu’on consomme directement depuis son téléphone ou ses lunettes connectées. L’information doit circuler, et elle doit être fiable. »
L’ensemble de la table ronde a montré que la digitalisation, la structuration des données et la transparence sont devenues des leviers stratégiques pour le secteur, permettant de valoriser le producteur, d’éclairer le consommateur et de renforcer la relation client.

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